L’art d’être soi

Bianca Glava s’émerveille de ce qu’une retraite dans l’Himalaya lui a permis de vivre. Elle y a découvert sa nature authentique, son soi véritable. Elle veut désormais prendre son ressenti et sa joie pour seuls guides et faire du bonheur le but de son existence, en laissant le Divin s’occuper du reste.

La vie est si étonnante, si simple! Pourtant le plus difficile est justement de saisir sa simplicité et sa pureté. Nous passons beaucoup de temps à nous compliquer l’existence, à suivre des règles, à nous enfermer dans des cages créées par notre propre mental… jusqu’au jour où nous étouffons. Nos luttes et nos souffrances nous suffoquent, car nous nous sommes éloignés de notre propre vérité pour obéir aux autres – en étant toujours plus dans le faire et toujours moins dans l’être… Et lorsqu’enfin il devient impossible de continuer à vivre dans cette illusion, nous nous trouvons devant un choix: nous consacrer à notre vérité ou regarder mourir notre âme.

Objectif bonheur!

Se consacrer à sa vérité, c’est essentiellement s’aimer soi-même, ce qui ne signifie pas être égoïste, ni amoindrir le bonheur de qui que ce soit. Au contraire, si le bonheur devient notre priorité, il débordera autour de nous et guidera vers la lumière ceux qui vivent encore dans les ténèbres. C’est par l’exemple que nous pouvons montrer clairement aux autres comment être heureux. Dans cet univers, la joie est l’unique force qui puisse nous sauver.

Je me suis toujours demandé quel était mon but dans ce monde. Pendant les moments de solitude de ma retraite himalayenne, j’ai réalisé que c’est dans chaque expérience vécue que je dois rechercher le sens de la vie; dès lors la seule chose à faire est de m’entraîner à approfondir ma vision. Il n’y a pas de meilleure façon de modifier le cours des choses que de faire de sa propre vie un message au monde. Je ne peux rien de plus pour les autres que d’être une inspiration vivante.

J’ai donc décidé de donner dans ma vie la priorité à ce que je ressens et d’avoir pour premier objectif mon propre bonheur. Si seulement nous pouvions comprendre un peu mieux le fonctionnement réel de l’univers! Si seulement nous avions le courage de faire confiance à notre âme et la laisser nous guider sur le chemin! Notre vie serait tellement plus facile. Notre but se réaliserait sans peine si nous osions suivre la voie de notre propre joie, en laissant le Divin s’occuper du reste. Une vie heureuse n’est rien d’autre qu’une succession de petits bonheurs, mais la plupart d’entre nous ne peuvent les voir parce que nous sommes trop occupés à vouloir une vie heureuse.

Suivre le chemin de sa joie, et laisser le Divin s’occuper du reste

Il faut avoir la force de transcender les règles, d’être authentiques, d’avoir nos propres certitudes pour unique religion. Et le courage de changer de cap chaque fois que c’est nécessaire. Nous sommes malheureux parce que nous ne respectons pas notre vérité. Par désir d’appartenance, par besoin d’être bien vus, nous abandonnons nos valeurs et laissons l’illusion envahir notre existence. Pour mener la vie qui nous est destinée, nous devons faire de la joie la raison principale de toute décision. Telle est la vraie liberté de l’âme.

En suivant les autres comme des moutons, nous n’atteindrons jamais l’excellence. Au mieux, nous mènerons une existence médiocre et sans risque jusqu’à la fin. Mais la vie est-elle destinée à n’être vécue que précautionneusement? Avant, je vivais dans la peur, n’osant pas montrer ma vulnérabilité, je pensais devoir être forte. Je ne pouvais me permettre de me perdre. Maintenant, je vois clairement que c’est le seul moyen de croître. Nous ne pouvons retrouver que ce qui a été perdu, alors pourquoi ne pas nous perdre nous-mêmes? Plus nous avançons, plus nous courons de risques. Aurons-nous le courage de laisser notre monde s’effondrer afin de pouvoir le construire à nouveau?

À l’opposé de la peur, il y a l’amour.
Dans la peur, nous rétrécissons, nous nous fermons, nous doutons.
Dans l’amour, nous croissons, nous ouvrons notre cœur et faisons confiance.

Je pense qu’il est temps d’abandonner nos schémas et d’adopter un nouveau mode de vie: celui de la joie, de l’amour et de l’authenticité. Dès le moment où nous réalisons ce que nous sommes vraiment, il devient trop douloureux de le garder caché et nous ne pouvons plus vivre autrement que dans l’authenticité. Il devient évident qu’il est plus pénible de rester enfermé dans un bourgeon que de prendre le risque de fleurir.

La subtilité et la profondeur du yoga et de la méditation sont au-delà de toute expression. Je sens de plus en plus que je ne suis pas ce corps, que cette expérience humaine est vraiment le voyage de mon âme, que tout fait partie d’un plan parfait et unique, d’un déploiement divin qui se manifeste jusque dans chacune de mes respirations. Nous n’avons qu’à en faire l’expérience, rien de plus. Les connaissances acquises importent peu, seule compte la capacité de ressentir son âme si profondément qu’on sait tout ce qu’on a besoin de savoir.

Rester un bourgeon ou prendre le risque de fleurir?

Il y a une énorme différence entre connaître ou comprendre une vérité, et ressentir sa propre vérité. Le ressenti est le chemin le plus court et le plus sûr. Tout ce que nous avons à faire est de revenir à notre nature la plus simple, la plus pure, la plus divine. Pour cela, il nous faut du temps, de la foi et du courage. Et aussi sortir des sentiers battus, abandonner tout préjugé et tout ce que nous savions jusque-là.

Le processus de transformation ne nous fait pas bouger dans l’espace ou le temps, c’est simplement la qualité de la conscience qui se modifie. Je ne cherchais rien de précis dans cette retraite, et tout s’est passé exactement comme il le fallait. C’est le miracle qui se produit quand on ne fait rien d’autre qu’être, simplement être: tout ce qui se révèle alors est exactement ce dont on a besoin à ce moment-là.

Cette expérience himalayenne a représenté une grande avancée sur le chemin de la découverte de mon âme et de ses mystères. Elle a été un voyage au-delà des cinq sens, au-delà de la nature humaine, qui m’a menée vers le vide, le néant et le non-savoir, vers mon essence véritable. Il m’a fait découvrir le but réel de ma vie – suivre ma joie et célébrer chaque goutte d’existence.

Photo Kelli mc Clintock