La force de la prière
Dans Créer notre destinée, Kamlesh Patel nous explique l’importance de la prière comme moyen de connexion à la Source. La prière nous ouvre à l’écoute du cœur, au changement, à la maîtrise de soi, elle attire la grâce divine. Voici un extrait du livre qui décrit la nature dynamique et transformatrice de la prière.
La plupart des gens associent la prière à la religion, la voyant comme une façon d’implorer Dieu: c’est une requête, un désir ou un espoir sincère d’avoir ou de devenir quelque chose de plus, de recevoir quelque chose qui nous remplisse. La prière a pour but de nous conduire de notre état actuel à celui que nous désirons.
Nous prions pour recevoir ce qui nous manque. Nous le faisons souvent dans les moments difficiles, pour obtenir de l’aide, de l’espoir, le salut. Nous prions pour le bien-être de nos proches, pour être pardonnés de ce que nous avons fait, pour changer notre caractère et notre comportement, pour connaître le bonheur, pour avoir plus d’argent, un meilleur travail ou des enfants en bonne santé.
Nous espérons que Dieu soulagera nos souffrances et arrangera nos problèmes, afin que notre vie et celle des autres s’améliorent. En général nous prions quand ne savons plus que faire, quand nous sommes incapables de résoudre nos difficultés et voyons nos faiblesses reflétées dans le monde qui nous entoure.
À un niveau plus profond, nous prions pour atteindre les états spirituels qui nous font défaut, afin de pouvoir grandir et évoluer. Ce peut être pour obtenir l’illumination, le nirvana, le ciel, la libération et la réalisation de Dieu. La prière peut être égoïste ou désintéressée, énergique ou subtile, elle peut concerner de petites choses ou des événements qui changent la vie, des aspects matériels ou des états spirituels.
La prière est un puissant moyen de communiquer avec Dieu. Selon la façon dont nous nous connectons, elle nous permet d’activer le flux de la transmission, jusqu’à parvenir à un état d’osmose.
Prier, c’est communiquer – cela peut aller du superficiel au plus essentiel. La prière peut être une simple conversation, elle peut évoluer vers des niveaux de communication plus profonds et devenir enfin un état de communion. La prière se transforme ainsi en un puissant moyen de communiquer avec Dieu. Selon la façon dont nous nous connectons, elle nous permet d’activer le flux de la transmission, jusqu’à parvenir à un état d’osmose.
Ce processus est similaire à la façon dont les fluides, chez les êtres vivants, traversent les parois cellulaires pour amener les nutriments aux cellules. La différence de concentration de part et d’autre de la membrane provoque un mouvement de la concentration la plus élevée à la plus basse.
La prière crée une différence analogue entre le divin et nous, ce qui permet au divin de pénétrer dans notre cœur et de nous nourrir sur le plan spirituel. C’est une loi physique. Quand nous cultivons le vide dans notre cœur, le courant du divin afflue pour créer finalement un état d’osmose avec lui. Cette vacuité, ou cette négation, engendre aussi une relation de dévotion avec le divin. Et c’est elle qui nous permet d’atteindre l’état de pureté le plus élevé.
Comment prier?
Quand nous prions, la manière est aussi importante que le sujet. Dans quelle attitude le faisons-nous? Comment créer en nous un état qui permette au flux du divin de couler dans notre cœur?
Ce processus est si simple, si beau, si scientifique! Les attitudes d’humilité, de supplication, d’innocence et d’insignifiance créent un vide dans le cœur, si bien que le courant de la Source y pénètre et active la connexion, tout comme le courant électrique circule du pôle positif au pôle négatif. Notre travail consiste à créer une polarité négative en laissant un état de réceptivité et d’abandon s’établir dans notre cœur.
Si cet abandon n’est pas présent, si notre attitude est volontaire, exigeante ou prétentieuse, le vide ne se fera pas dans notre cœur, le flux n’y aura donc pas accès. Il s’agit d’un phénomène naturel, et c’est notre façon d’être qui crée ou non les conditions pour que le flux soit activé. Pour qu’il circule, la subtilité avec laquelle nous offrons la prière est déterminante. Avec quelle douceur et quel abandon adressons-nous notre demande? Avec quelle délicatesse? Il faut savoir que la prière perd son pouvoir, lorsqu’elle devient un rituel. C’est une pratique très puissante, et pourtant largement sous-utilisée par la plupart d’entre nous.
Si notre attitude est volontaire, exigeante ou prétentieuse, quand nous prions, le vide ne se fera pas dans notre cœur, le flux n’y aura donc pas accès.
La prière est en quelque sorte un cri intérieur qui, en faisant doucement couler des perles de larmes sur notre visage, apaise les complexités du cœur. Un cœur en prière apporte la fragrance éternelle du divin partout où il va. C’est une expression d’amour qui ne peut être partagée qu’avec le Bien-aimé. Un cœur noyé dans la prière maintient notre attention sur notre but, et cette absorption nous aide aussi à reconnaître nos défauts et à trouver des solutions pour les éliminer.
Ensuite se pose la question du sujet de nos prières. Nous prions pour beaucoup de choses différentes. Dans un type de prière, nous implorons l’élimination des comportements indésirables, des soucis, des préoccupations ou des situations qui nous font souffrir. Cette prière est généralement un appel à l’aide. Elle vise souvent à soulager les souffrances des autres. Elle peut aussi concerner notre propre souffrance, surtout lorsque la situation est désespérée et qu’aucune aide ne se manifeste. C’est le dernier recours d’un karma-yogi. Quand cette prière est un cri du fond du cœur, elle est aisément entendue.
Dans un deuxième type de prière, on exprime avec ferveur une suggestion positive qui évoque une amélioration continue, de nobles qualités, la croissance et l’évolution. En voici quelques exemples que j’aime particulièrement:
Toute l’humanité développe une pensée correcte, une bonne compréhension et une approche honnête de la vie.
Tous les êtres atteignent la justesse dans l’action et la perfection du caractère.
Tout ce qui nous entoure – les gens, les particules de l’air, les oiseaux, les arbres – est profondément absorbé dans le souvenir du divin.
Tous les êtres humains deviennent pacifiques.
Et puis il y a la prière qui n’exprime aucun besoin de changement. Nous offrons alors des prières pleines de gratitude, dans l’acceptation de tout ce qui se passe dans le moment présent. Quand notre cœur est extatique et joyeux, par exemple, nous partageons cette joie avec Dieu, tout comme, à d’autres moments, nous partageons avec Lui notre peine. Lorsque le cœur jubile dans un état de vénération et de gratitude, il nous relie au divin. Dans toutes les sociétés, cette joie intérieure s’exprime par la danse, les chants dévotionnels, l’art, etc.
Cependant même notre gratitude n’est qu’une réponse à un état particulier, en l’occurrence le sentiment de joie et d’extase. La reconnaissance est encore liée à la notion que quelque chose de merveilleux est arrivé.
La prière Heartfulness
La prière Heartfulness opère à un tout autre niveau – nous ne demandons aucun changement. Nous offrons trois affirmations simples qui définissent notre condition humaine. Elles énoncent notre objectif spirituel, les obstacles que nous rencontrons sur le chemin, et ce qui nous aide à atteindre le but.
Cette prière n’exprime aucune attente, mais elle évoque un écart, une distance, le sentiment que nous ne sommes pas encore «à ce niveau», qu’un chemin infini s’étend devant nous. Elle nous rappelle que nous devons continuellement affiner et éliminer nos souhaits, dans l’espoir de vivre des états toujours plus subtils. En offrant ces paroles, nous honorons le moment présent de notre voyage, tout en reconnaissant qu’il doit se poursuivre.
Nous prions au moment du coucher, pendant dix à quinze minutes, ce qui nous permet de nous connecter à notre Source avant de dormir. Nous répétons la prière le matin, avant de méditer, afin de rétablir cette connexion. En commençant et en terminant la journée de cette façon, nous maintenons la connexion avec la Source tout au long de la journée et de la nuit. Et, avec le temps, cette connexion intérieure nous mène à la maîtrise de soi.
Mais surtout, cette prière nous conduit vers l’état ultime d’osmose, d’homéostasie ou de fusion totale avec Dieu. Cela dit, ce rapprochement reste toujours asymptotique, on n’atteint jamais réellement cette fusion. La distance entre Dieu et nous, telle que nous l’expérimentons dans la prière, sera toujours nécessaire, car elle seule nous permet de continuer à nager avec le courant qui coule à travers notre cœur et nous relie à notre Centre.
Quel est le résultat de la prière?
Deux choses vitales se rencontrent dans l’acte de prier, et quand elles interagissent, elles donnent accès à un potentiel de changement durable et à une croissance véritable. C’est l’un des secrets de la nature qui s’ouvre à nous.
D’une part, la prière nous relie par le cœur à notre Soi le plus élevé, nous faisant plonger si profond que nous nous connectons à la Source de tout. De l’autre, la prière utilise le pouvoir de la pensée, c’est-à-dire la suggestion, pour provoquer un changement, ce que le yoga appelle sankalpa.
Sankalpa est très puissant, il est plus efficace que les ordres ou les instructions. On traduit généralement «sankalpa» par «suggestion», bien que ce mot ne soit pas adéquat. Une suggestion est un type de pensée qui propose un changement, en général en vue d’une amélioration ou en fonction d’une vision.
La façon dont nous utilisons la suggestion dans la prière est très importante, et il n’est pas nécessaire de dire «s’il vous plaît», car même ces mots-là sont trop lourds.
Une suggestion faite en priant est très subtile, elle résonne dans un cœur pur, ouvert, aimant et relié au divin. À propos, avez-vous déjà songé au fait que les suggestions négatives sont la cause de la plupart des échecs de l’humanité? Cela vaut également pour les suggestions que nous entretenons à notre égard: les autosuggestions!
La façon dont nous utilisons la suggestion dans la prière est très importante. Il n’est pas nécessaire de dire «s’il vous plaît», car même ces mots-là sont trop lourds. Et souhaiter «que telle ou telle chose arrive», quoique un peu plus léger, n’est guère plus subtil. Comment prier pour ne pas troubler le silence divin? Telle serait la prière idéale.
Ces deux processus, la connexion et le sankalpa, interagissent comme des éléments dans une réaction chimique pour créer un état dynamique de communion avec notre essence intérieure. Dans la prière, nous nous trouvons au plus profond de notre cœur, si bien que la pensée ou le sentiment que nous offrons au Seigneur n’est pas seulement théorique ou intellectuel. Passant par le cœur, la prière, à travers la toile de notre conscience, suscite une résonance dans le champ cosmique – ou quantique, si vous préférez. Son effet est extrêmement puissant. Elle n’agit plus à partir de notre niveau individuel, elle est la clé qui déclenche l’évolution et provoque la transformation.
Si nous nous en remettons à notre Soi lorsque nous prions, nous maîtrisons progressivement l’art d’écouter notre cœur.
Dans la prière Heartfulness, nous communions avec notre Soi le plus élevé, notre divinité intérieure. En reconnaissant la place légitime de ce Soi au centre de notre vie, nous accédons peu à peu à la maîtrise de nous-mêmes. Mais il ne s’agit pas seulement d’une reconnaissance. En fait, nous nous en remettons vraiment à ce Soi lorsque nous prions, et nous maîtrisons ainsi progressivement l’art d’écouter notre cœur.
Les paroles de la prière ont pour but de susciter en nous un ressenti. Une fois qu’il est là, nous n’avons plus besoin de mots. Un temps vient où l’état de prière est toujours présent, où la prière que nous offrons le soir pendant quelques secondes s’étend sur vingt-quatre heures, pendant lesquelles nous sommes toujours centrés sur notre Maître intérieur et en harmonie avec nous-mêmes.
Nous prions, nous maintenons notre condition et nous la laissons se développer. Peu importe ce que nous faisons – étudier, regarder la télévision, prendre une douche, déjeuner, faire la fête avec des amis – la connexion intérieure demeure.
Telle est la beauté de Heartfulness. Sa pratique nous prend peu de temps, en demande de moins en moins lorsqu’on la maîtrise, et pourtant elle agit vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Pour faire l’expérience de la prière Heartfulness, c’est ici.
Photo Peter Hershey
La prière nous relie à l’univers tout entier. Elle est aussi essentielle pour l’équilibre psychique. Vécue comme telle elle magnifie l’être tout entier…