La beauté de la conscience
Rosalind Pearmain décrit l’évolution de la conscience tout au long de la vie, et montre comment la méditation nous permet d’accéder à nouveau aux états plus fluides et plus subtils que nous connaissions dans notre enfance.
Lorsque nous regardons des films documentaires sur la nature, nous sommes stupéfaits et impressionnés par l’exquise beauté des formes et des processus complexes et entrelacés des systèmes biologiques.
Si nous pouvions suivre le développement de la conscience chez les êtres humains, je crois que nous serions encore bien plus profondément émus qu’en regardant un arbre pousser ou un cristal se former; car d’autres dimensions entrent en jeu pour créer une onde magnifique, une vibration, une cadence mélodieuse qui amplifie tout l’univers.
Ce merveilleux voyage du début de la vie
J’imagine que nous venons d’un flux d’amour connecté à tout. À la naissance, la fleur de notre âme pénètre dans la densité de notre véhicule humain, ce qui l’expose à un choc d’ondes sensorielles – le nouveau champ que notre conscience doit explorer. C’est un espace chatoyant et vibrant de sensations à travers lequel le monde nous est révélé.
Chaque jour, de nombreuses sources d’expériences et de connaissances se déploient dans notre conscience. Chez le bébé, tout se fond en une unité de sensations, de sentiments et d’émotions qui s’inscrivent toujours dans une relation. Peu à peu, le langage lui permet des prises de conscience qu’il partage avec les autres. En même temps, le développement psychomoteur le conduit à explorer l’espace, à découvrir la vitesse, le poids et la légèreté, et à gagner de plus en plus de maîtrise sur le monde qui l’entoure.
L’intellect acquiert ensuite davantage de discernement et de compréhension, et le sens de soi se définit de mieux en mieux. Nous nous percevons alors comme un frêle esquif flottant sur le vaste océan de la vie. Nous cherchons à nous rendre plus solides, à nous sentir plus en sécurité pour faire face aux défis qui se présentent à nous.
En observant ce merveilleux voyage du début de la vie, nous découvrons avec émotion l’ouverture et la curiosité des enfants, leur absence de jugement. Nous percevons aussi l’espace d’expansion, de découverte, de joie et d’intensité que leur offre leur conscience. Ils s’immergent dans le moment présent et se perdent dans l’activité du jeu ou dans une histoire.
La connaissance passe par le corps; se mouvoir comme un serpent ou un ours est le meilleur moyen pour les jeunes enfants de comprendre l’expérience des animaux. Ils découvrent des monstres terrifiants aussi bien que des héros bienveillants, et rencontrent autant de limitations et de déceptions que de plaisirs.
Une carte et des repères
Devenus adultes, nous avons progressivement appris à utiliser une carte et des repères pour naviguer à travers la vie. Notre cerveau gauche nous fournit des schémas cognitifs abstraits où les expériences acquises s’inscrivent dans des modèles prévisibles. Mais nous ignorons souvent l’arrière-plan moins précis du ressenti et de l’implicite, ainsi que le sens et la profondeur de notre conscience en évolution. Ces dimensions fondent pourtant nos relations, elles sont tout aussi importantes que les flux linéaires de l’action, de la pensée et de la réaction. Nous en retrouvons parfois la conscience dans la nature, dans la tranquillité, dans nos relations, en écoutant de la musique ou en contemplant la beauté.
L’inversion de certains de ces processus commence avec la méditation. Celle-ci nous permet d’écarter la catégorisation automatique en mots et en concepts du contenu de notre conscience. Elle nous invite à dissoudre les schémas pour accéder à des aptitudes et des sentiments plus subtils. Pendant la méditation, les expériences sensorielles peuvent devenir beaucoup plus synesthésiques – comme elles l’étaient quand nous étions enfants.
Nous voyons se rouvrir notre champ de conscience et découvrons la place centrale du cœur, ce merveilleux et mystérieux organe de la perception, qui semble nous servir à la fois de radar et de système d’organisation et de synthèse. Il contient tout, le positif comme le négatif, et il établit dans notre champ de conscience un équilibre cohérent et résonant. Nous retrouvons la joie d’une conscience centrée sur le présent, comme dans notre enfance.
Les effets profonds de la méditation
En nous ouvrant à ce champ plus profond et plus épuré de la conscience du cœur, nous entrons en résonance avec notre Source divine intérieure. Dans la méditation Heartfulness, la fréquence des ondes de la transmission aide à purifier notre cœur et à dissoudre les couches qui ont dissimulé à notre conscience la présence de cette Source. Le sens de soi étant devenu plus manifeste, nous percevons mieux notre nature intrinsèque. Nous nous sentons reliés à l’humanité par le cœur plutôt que par les pensées. Nous participons au monde comme une onde plutôt que comme une de ses particules. Notre champ de conscience du ressenti s’élargit.
La beauté de ce processus nous pousse à aller plus loin. Nous découvrons un état plus transparent, délicat et raffiné, qui nous rappelle peut-être le monde d’où nous venons. Certains d’entre nous se souviennent de ces moments particuliers de l’enfance où nous avons soudain été transportés dans un autre état de conscience, dans la nature, lors de célébrations, ou absorbés dans l’atmosphère diffusée par un sage.
Certains contes pour enfants évoquent ces mondes éthérés et plus transparents, lieux magiques habités par les fées et les enchanteurs. La musique elle aussi peut nous transporter vers ces paysages aériens qui se trouvent au pays du cœur et de l’esprit.
La recherche au cœur de soi
De nombreuses cultures possèdent des mythes illustrant des thèmes spirituels profonds, faisant état de nobles et héroïques combats, et retraçant dans des histoires hautes en couleur le drame humain au cours des âges. Ils forment un terreau psychique riche en symboles qui nourrissent notre imagination et notre intuition.
Mais dans le voyage de la vie, une tension se fait jour peu à peu entre le désir de vivre pleinement l’expérience de notre incarnation, et le désir plus tardif de savourer des dimensions plus simples, plus subtiles et plus belles. Le théâtre Nô japonais a très bien compris cette ambivalence.
Quelque chose nous incite à suivre une voie spirituelle, à diriger notre conscience vers cette sensation plus profonde, plus douce et plus simple d’être au cœur de soi. Nous avons besoin de sentiments clarifiés et d’un équilibre croissant, loin des eaux turbulentes que nous avons rencontrées plus tôt dans notre vie. Nous recherchons à être en résonance avec notre Bien-Aimé intérieur et cette présence ressentie intimement nous révèle un champ de conscience plus vaste, qui peu à peu rayonne autour de nous.
Naviguer sur une mer de conscience et d’énergie
Nous ne sommes alors plus une particule isolée dans une mer d’énergie. Nous nous sentons profondément reliés à la Source de la création, aux cœurs des autres, à la nature, à la souffrance et à tout ce qui inspire l’humanité.
Nous pouvons en avoir des aperçus à un niveau encore plus intense: dans un groupe de méditation, où le champ de conscience de chaque participant rejoint celui des autres et nous fait vibrer à une fréquence d’amour bien plus élevée.
Ainsi le don de chacun peut croître et contribuer à augmenter la synergie, l’alignement avec la Source divine. Et l’élévation de la fréquence vibratoire qui en résulte influence non seulement ce monde, mais aussi d’autres mondes, où les lois de l’espace et du temps sont peut-être d’une autre tonalité, éveillant des joies et des illuminations différentes des nôtres.
Quelle sensation extraordinaire de naviguer sur cet océan de conscience cosmique, guidés par nos maîtres bien-aimés – remplis de gratitude envers la vie, envers la Source dans notre cœur, reconnaissants d’être là, présents dans ce mystère qui se déploie.
Très beau voyage allégé de son genre humain souvent bien encombrant … un voyage … de foi absolue .
Une page de poésie remplie de bonheur. Merci